14 décembre 2025
Brandt : liquidation judiciaire, près de 700 emplois supprimés

Brandt : liquidation judiciaire, près de 700 emplois supprimés
Le tribunal de Nanterre a prononcé la liquidation judiciaire du groupe Brandt le 11 décembre 2025. Cette décision met fin au redressement judiciaire et entraîne la suppression d'environ 700 emplois, alors qu'une reprise en Scop soutenue par le groupe Revive aurait pu préserver une part significative des effectifs.
Un dernier projet rejeté malgré des engagements publics
« Bon bah là, c'est pas une belle paire, c'est Brandt qui est placé en liquidation judiciaire », constate Laetitia Lamari, résumant la décision du tribunal. Un projet de Scop déposé une semaine plus tôt et soutenu par Revive visait à sauver au moins 370 postes, mais il n’a pas été retenu.
Selon les experts et les autorités locales, le redémarrage de l’activité aurait nécessité entre 20 et 25 millions d'euros. L'État avait proposé un soutien de 5 millions d'euros, complété par des engagements de la région Centre‑Val de Loire et de la métropole d'Orléans, portant les promesses publiques proches de 20 millions d'euros au total. « Il manquait juste cinq petits millions pour que la marque française soit sauvée », ajoute Laetitia Lamari.
Réactions politiques et financières
Le président de la région Centre‑Val de Loire, François Bonneau, a qualifié la décision de « traumatisme » pour les salariés. Les ministres Roland Lescure (Économie et Finances) et Sébastien Martin (Industrie) ont déploré que, malgré le soutien public, « les autres acteurs indispensables n’ont pas souhaité se positionner » pour garantir la viabilité du projet — une allusion aux banques et aux investisseurs privés dont l'engagement était jugé déterminant.
Dimension sociale et symbolique
Adrien Naeem souligne, sur un ton plus personnel, la charge symbolique de cette disparition pour certains consommateurs : « J'attends ton commentaire de Madeleine de Proust. Quand j'étais petit, j'avais Brandt à la maison… » Il rappelle ainsi la place historique de la marque dans de nombreuses familles, au-delà des seuls enjeux économiques.
La liquidation touche des sites industriels situés près d'Orléans (Loiret) et à Vendôme (Loir‑et‑Cher). Brandt dispose aussi d'un centre de service après‑vente à Saint‑Ouen‑l'Aumône et d'un siège à Rueil‑Malmaison. Propriété du groupe algérien Cevital depuis 2014, Brandt réalisait un chiffre d'affaires d'environ 260 millions d'euros.
Ce que signifie la liquidation
La liquidation judiciaire clôt la période de redressement et ouvre la voie à la cession d'actifs et au règlement des créanciers selon les règles prévues par la procédure. Pour les salariés, la décision annonce la perte des postes annoncés et l'ouverture des procédures de licenciement.
Sur le plan industriel, la disparition d'un acteur centenaire de l'électroménager interroge la capacité des relais locaux et nationaux — pouvoirs publics, banques, investisseurs industriels — à coordonner des sauvetages de sites à forte intensité d'emploi.
Perspectives
À court terme, la priorité soulignée par les élus et les représentants locaux reste l'accompagnement des salariés et la recherche d'éventuelles solutions pour limiter le nombre de suppressions de postes. À moyen terme, cette affaire pose des questions sur le modèle de financement des relances industrielles et sur la place des Scop et autres montages coopératifs dans les stratégies de sauvegarde d'emplois industriels.
Intervenants cités : Laetitia Lamari et Adrien Naeem.