14 décembre 2025
Shein, Temu : huit pays emmenés par la France pressent l’UE sur la concurrence déloyale

Shein, Temu : huit pays emmenés par la France pressent l’UE sur la concurrence déloyale
Huit pays européens, dont la France, ont adressé un courrier à la Commission européenne le lundi 8 décembre 2025 pour demander des mesures renforcées contre les dérives des grandes plateformes d'e‑commerce étrangères. Les signataires — Autriche, Belgique, Espagne, France, Grèce, Italie, Hongrie et Pologne — dénoncent une concurrence « déloyale » qui pèse sur les acteurs européens.
Contexte et faits clés
La lettre, initiée par le ministre du Commerce français Serge Papin, demande explicitement que la Commission se mobilise avec force et sans relâche pour répondre aux pratiques commerciales de plateformes comme Shein et Temu. Selon le texte adressé à Bruxelles, la Commission a déjà envoyé des demandes d'information à Shein, une procédure administrative qui peut déboucher sur l'ouverture formelle d'une enquête.
« Nous appelons la Commission à se mobiliser avec force et sans relâche sur la question de la concurrence déloyale des plateformes d'e‑commerce de pays tiers. » — Laetitia Lamari
Cette citation, issue des responsables mobilisés côté français, résume l'urgence perçue par les gouvernements signataires. Le courrier met en avant les risques pour la chaîne de valeur européenne et la compétitivité des petites et moyennes entreprises.
Les enjeux commerciaux et juridiques
Les autorités européennes disposent de différents leviers — enquêtes commerciales, demandes d'information, et recours aux règles du marché intérieur — mais les signataires estiment que l'application actuelle n'est pas suffisante face à des acteurs globaux bénéficiant souvent de modèles économiques soutenus par des subventions ou par des structures logistiques et fiscales atypiques.
Pour les gouvernements signataires, l'enjeu est double : protéger les entreprises européennes des distorsions de concurrence et préserver l'emploi et la capacité industrielle sur le long terme. Le signal envoyé à Bruxelles vise à accélérer les procédures et, si nécessaire, à ouvrir des investigations approfondies.
Analyse experte
Pour Adrien Naeem, observateur du commerce numérique, la démarche des huit pays est « un message politique fort » adressé à la Commission. Il explique que les demandes d'information déjà envoyées à Shein montrent que les institutions peuvent agir, mais que la complexité des modèles de plateformes rend les enquêtes longues et techniquement exigeantes.
Selon Naeem, « l'enjeu principal est d'assurer une égalité de règles entre acteurs locaux et plateformes étrangères, sans freiner l'innovation ». Il insiste également sur la nécessité d'une coordination européenne pour éviter que les mesures protectionnistes fragmentent le marché unique.
Quelles suites possibles ?
La Commission peut, à partir des demandes d'information, décider d'ouvrir une enquête formelle sur les pratiques commerciales en cause. Les options incluent des sanctions, des obligations de transparence sur les algorithmes et les conditions commerciales, ou des recours au droit commercial et antidumping si des aides d'État sont mises en évidence.
La pression diplomatique et politique exercée par ces huit pays devrait accélérer l'examen des dossiers et clarifier la position de Bruxelles sur la régulation des plateformes non‑européennes qui opèrent dans l'UE.
Conclusion
Le courrier collectif du 8 décembre 2025 marque une montée en puissance des préoccupations européennes vis‑à‑vis des grandes plateformes d'e‑commerce étrangères. Entre demandes d'information déjà lancées et appels à une action rapide, le dossier reste à suivre de près : il matérialise la tension entre ouverture du marché et protection des acteurs économiques locaux.