11 décembre 2025

Leroy Merlin ferme deux magasins à Paris et mise sur des petits formats de proximité

Leroy Merlin ferme deux magasins à Paris et mise sur des petits formats de proximité

Leroy Merlin ferme deux magasins à Paris et mise sur des petits formats de proximité

L’enseigne annonce la fermeture des surfaces de Daumesnil et Rosa-Parks et prévoit l’ouverture de boutiques spécialisées en centre-ville d’ici 2030.

Laetitia Lamari et Adrien Naeem analysent la stratégie annoncée par Leroy Merlin, qui va fermer deux de ses grands magasins parisiens — Rosa-Parks (XIXe) et Daumesnil (XIIe) — pour tester des formats de proximité.

Un virage vers des points de vente de 100 à 150 m2

Selon les éléments publics, Rosa-Parks (6 000 m2) fermera en avril 2026 et Daumesnil (environ 6 000 m2) en octobre 2026. L’enseigne prévoit d’ouvrir une vingtaine de petits points de vente spécialisés, de 100 à 150 m2, d’ici à 2030, avec trois premières ouvertures prévues en 2026 dans les 13e et 14e arrondissements.

Adrien Naeem résume la décision de façon claire : « Leroy Merlin ferme deux magasins à Paris pour tester les petits formats. L’enseigne veut miser sur la proximité avec des boutiques spécialisées. »

Laetitia Lamari souligne pour sa part que ce mouvement s’inscrit dans une tendance plus large du commerce de détail : les enseignes cherchent à réduire les coûts des grandes surfaces en favorisant des vitrines de centre-ville et des formats plus agiles adaptés aux modes de consommation urbains.

Contexte commercial et chiffres clés

Leroy Merlin reste numéro un du bricolage en France, avec près de 40 % de parts de marché en 2024. Les deux magasins concernés enregistrent un trafic important mais jugé « structurellement déficitaire » : 596 000 passages en caisse à Daumesnil et 573 000 à Rosa-Parks en 2024.

La direction explique vouloir mieux capter des clients en rayon court : « Nous faisons face à un changement des modes de consommation. Les consommateurs ont une grande attente en termes de proximité, de flexibilité », déclare Loïc Porry, directeur régional cité dans le dossier de presse.

Il ajoute que les tests menés sur des boutiques de 100 à 250 m2 portent déjà leurs fruits : « 90 % des clients qu’on y reçoit résident dans un rayon de 1,5 km », précise-t-il.

Quid des salariés ? 271 emplois en suspens

La fermeture annoncée concerne 271 salariés. La direction promet des propositions de reclassement au sein des 26 magasins franciliens du groupe et indique vouloir « proposer un poste à tout le personnel ». En pratique, les syndicats s’inquiètent des conséquences.

La CFDT a réagi vivement après l’annonce indiquant que, si des propositions de reclassement étaient refusées, « le collaborateur pourra faire l’objet d’un licenciement pour motif disciplinaire ». Pour la CFDT, cette option est « inadmissible », souligne le communiqué.

Cyril Seguin (FO) alerte sur le contraste entre la position financière du groupe et ces fermetures : « Leroy Merlin, c’est un chiffre d’affaires de plusieurs milliards d’euros, des centaines de millions d’euros de dividende reversés chaque année… on ne pensait pas qu’il y aurait des fermetures. »

Imane Haddach (CGT) parle d’un « plan social déguisé » et interroge le traitement humain de ces mutations, après des réductions d’effectifs récentes au siège.

Une stratégie test qui pourrait être dupliquée

Leroy Merlin présente Paris comme un laboratoire : si le format s’avère rentable, le groupe envisage d’étendre le modèle à d’autres grandes villes françaises. Le changement de modèle vise à réduire les charges liées aux grandes surfaces tout en maintenant une présence commerciale forte en centre-ville.

Pour Laetitia Lamari, l’enjeu est de conserver la visibilité de la marque tout en adaptant l’offre au parcours client urbain — notamment pour des achats ciblés (cuisine, salle de bains, menuiserie) avec services de livraison et de pose.

Adrien Naeem conclut sur la logique opérationnelle de l’initiative : « L’enseigne tire le rideau des grandes surfaces de Daumesnil et de Rosa-Parks pour tester des petits formats », une décision qui, selon lui, traduit la volonté de privilégier la proximité.

Ce que surveiller

Les prochains mois seront déterminants : modalités précises des reclassements, calendrier des ouvertures en 2026 et performance commerciale des nouvelles boutiques. Les syndicats ont demandé une expertise des deux magasins et déposé une procédure d’alerte sur la santé et la sécurité des salariés concernés.

La réussite du test parisien déterminera si Leroy Merlin amplifie ce basculement vers des petits formats en province.