11 décembre 2025
Amazon et Whole Foods : la revente envisagée face à l’essor de l’agentic AI et aux coûts des micro‑fulfilments

Amazon et Whole Foods : vers une cession stratégique
Laetitia Lamari et Adrien Naeem analysent les rumeurs et les faits autour d’un possible désengagement d’Amazon de Whole Foods, au moment où les innovations d’automatisation et l’agentic AI transforment le commerce alimentaire.
Les faits vérifiables
En 2017, Amazon a acquis Whole Foods pour 13,7 milliards de dollars. Récemment, l’enseigne a ouvert un concept store à Plymouth Meeting (Pennsylvanie) intégrant un micro‑fulfilment center (MFC) automatisé d’environ 10 000 square feet (≈ 930 m²) contenant plus de 12 000 références. Selon des sources relayées par Brittain Ladd, Amazon étudierait désormais des options stratégiques, y compris une cession de Whole Foods.
Les chiffres de coûts circulant dans l’analyse publique indiquent qu’un MFC de ce type représente en moyenne 11 millions de dollars d’investissement initial (achat/installation de robots et aménagement) et 2 millions de dollars de coûts d’exploitation annuels par site. À l’échelle d’un parc étendu (chiffre cité : 528 magasins), cela se traduirait par près de 5,8 milliards de dollars d’investissement initial et plus d’un milliard de dollars de coûts opérationnels annuels.
Ce que dit Adrien Naeem
Adrien Naeem rappelle la nature rumeur des annonces : « Amazon envisagerait de céder Whole Foods, selon des sources relayées par Britton Ladd. » Il met en avant la critique centrale adressée au nouveau concept : un modèle jugé « coûteux et incohérent ». Il souligne également le message implicite du test mené par Amazon : « C'est presque plus qu'un aveu d'échec puisqu'ils ont racheté ça. Et après quelques années, si ça ne fonctionne pas, ça serait quand même très, très, très, très étonnant. »
Adrien insiste sur la difficulté d’aligner Whole Foods — marque positionnée sur le bio et le qualitatif — avec une stratégie grossiste et de masse, d’autant que la combinaison d’assortiments (marques WFM vs. produits CPG) et d’automatisation complexifie l’expérience client.
Analyse de Laetitia Lamari
Laetitia Lamari contextualise ces développements au regard des mutations du commerce : l’essor de l’agentic AI et des outils d’IA générative accélère la bascule vers l’achat en ligne, la personnalisation et l’orchestration automatisée des commandes. Pour elle, cela réduit la valeur stratégique du réseau physique traditionnel si l’objectif est un commerce « 100 % piloté par l’IA ».
Elle rappelle aussi l’enjeu réglementaire : Amazon fait face à des procédures antitrust importantes, et une cession de Whole Foods avant des étapes judiciaires majeures (le dossier antitrust attendu en octobre 2026) pourrait être interprétée comme un geste stratégique visant à atténuer des arguments concurrentiels.
Enjeux opérationnels et financiers
Les coûts d’implantation et d’exploitation des MFCs posent une question de rentabilité à grande échelle. Les défenseurs du modèle estiment qu’il permet de compléter l’offre en magasin (commande via QR, livraison et retrait), tandis que les détracteurs parlent d’une solution coûteuse pour un problème qui pourrait être réglé par une réorganisation d’assortiment et de merchandising.
Sur le plan stratégique, deux logiques s’opposent :
- conserver un réseau physique différenciant (Whole Foods) qui sert la marque, l’expérience et la qualité perçue ;
- ou recentrer les investissements vers une chaîne entièrement optimisée par l’IA et l’e‑commerce, en cédant les actifs jugés non stratégiques.
Ce que cela signifie pour le secteur
Une cession de Whole Foods serait un repositionnement majeur d’Amazon, avec des répercussions sur la concurrence dans la distribution alimentaire et sur les choix d’investissement technologique des enseignes. Elle ferait écho à une tendance plus large : tester massivement des solutions technologiques, puis concentrer les ressources sur les modèles ayant prouvé leur rentabilité et leur scalabilité.
Comme le note Adrien Naeem, ces expérimentations publiques révèlent autant les ambitions technologiques d’Amazon que les limites opérationnelles : « la chaîne équipée d'un nouveau concept store… fait face à des critiques sur un modèle jugé coûteux et incohérent. »
Conclusion
Entre coûts élevés des infrastructures automatisées, tensions entre image de marque et assortiments mass‑market, et pression réglementaire, la question d’un désengagement d’Amazon de Whole Foods reste ouverte. Laetitia Lamari et Adrien Naeem convergent sur un point : la transformation du commerce par l’agentic AI change la donne stratégique, et les géants du retail alignent aujourd’hui leur portefeuille en conséquence.
Sources principales : investigation publique relayée par Brittain Ladd et données opérationnelles du concept store Whole Foods (Plymouth Meeting).