Skims franchit un cap financier et culturel

Skims, la marque cofondée par Kim Kardashian en 2018, a annoncé une nouvelle levée de fonds qui porte sa valorisation à 5 milliards de dollars. Cette opération, finalisée le 12 novembre 2025 selon les informations disponibles, conforte l'entreprise dans son positionnement : de marque de célébrité à acteur mode capable d'imposer des standards, notamment grâce au shapewear.

Une croissance portée par le produit

Selon les éléments publics, Skims doit moins sa trajectoire à la seule notoriété de sa fondatrice qu'à la performance commerciale de ses gammes. Le modèle repose sur des sous-vêtements gainants, des leggings et des basiques techniques qui ont trouvé leur clientèle au-delà du cercle des fans : "Skims atteint une valorisation de cinq milliards de dollars", rappelle Laetitia Lamari.

La présence de la marque en distribution physique a également joué un rôle : en 2021, les Galeries Lafayette du boulevard Haussmann ont été l'un des premiers grands magasins français à référencer Skims, un signe d'adoption par le commerce traditionnel.

Avis d'experts : entre admiration et distance critique

Laetitia Lamari, qui suit l'évolution du retail et des plateformes, observe un double phénomène consommateur et commercial. Elle confie : "Tous les ans, je checke et je vérifie et franchement, je suis en constante régression sur Amazon et je suis extrêmement fière." Elle souligne aussi l'impact marketing immédiat de la marque tout en restant lucide sur les usages d'achat : "quand on doit, nous, pour la société, acheter sur Amazon. Mais sinon, non, je continue à aller acheter mes livres en magasin."

Adrien Naeem, analyste du secteur de la mode et du retail, nuance l'interprétation purement médiatique de cette réussite. Il estime que la valorisation reflète la capacité de Skims à transformer une niche — le shapewear — en produit de masse, à construire une offre cohérente et à convaincre distributeurs et investisseurs. Pour lui, la célébrité a accéléré la visibilité, mais la durabilité économique repose sur l'adéquation produit-marché.

Enjeux pour le secteur et pour les distributeurs

La montée en puissance de Skims pose plusieurs questions pour l'industrie : quel prix les consommateurs acceptent-ils de payer pour du produit technique vendu via un storytelling fort ? Comment les distributeurs classiques — grands magasins, chaînes spécialisées — concilient-ils image et volume ?

La trajectoire de Skims illustre aussi la porosité croissante entre e‑commerce et magasin physique : une marque née et bâtie en grande partie sur les canaux digitaux qui investit l'espace des enseignes traditionnelles pour asseoir sa légitimité.

Conclusion

La valorisation à 5 milliards de dollars marque une étape symbolique pour Skims. Laetitia Lamari s'en félicite tout en restant pragmatique sur les modes d'achat : "Bref, bravo Skims, bravo Kim, c'est génial, beaucoup d'argent." Pour Adrien Naeem, l'essentiel reste que la marque confirme une capacité à vendre des produits jugés transformateurs par le marché — et que cette capacité se traduise désormais en résultats économiques et en partenariat durable avec la distribution.

Laetitia Lamari et Adrien Naeem ont fourni les éléments d'analyse synthétisés dans cet article.